QUE FAUT-IL
AVOIR POUR PRODUIRE UN BON SON RADIOPHONIQUE ?
N.B. : Il s’agit ici des propositions personnelles, en aucun moment obligatoires.
1. Une discothèque bien fournie
En sachant en moyenne qu’en 24 h, environ 360 chansons
de quatre minutes peuvent se diffuser non stop, si vos nourrissez l’ambition de
créer une radio spécialement dédiée à la musique, je vous recommande de détenir
– et c’est un minimum – une discothèque
qui peut aisément couvrir un mois entier de lecture sans répétition des
morceaux, c'est-à-dire plus ou moins
10 000 titres.
Par ailleurs, de peur de sombrer dans la monotonie,
lesdits titres se devront de couvrir la
majorité des genres musicaux les plus suivis, surtout ceux appréciés par
les auditeurs locaux ou internationaux (spécialement s’il s’agit d’une
webradio), à moins que votre chaîne ne
soit axée sur un ou deux genres (ex : radio dance, radio pop, radio
rock, etc.).
2. Des morceaux de qualité audio raisonnable et constante
Quel que soit le format d’encodage de votre
discothèque, évitez de diffuser des
chansons dont les chansons dont les fichiers ont un débit inférieur à 96 kbps,
spécialement pour des MP3, l’un des plus vieux formats de compression audio,
qui déforme tout en-dessous de 128 kbps (du moins en débit constant, appelé
CBR). Si votre souci est l’économie de
l’espace disque, ne convertissez que
des fichiers de débit supérieur ou égal à 128 kbps afin de limiter les pertes audibles
de qualité. Pour ce, il est on ne peut mieux conseillé de convertir en usant du mode à débit variable
(VBR) qui a le mérite, dans la fluctuation des débits qu’il crée, de produire des fichiers audio de meilleure
qualité que ceux produits par le mode CBR à débit moyen équivalent. À titre
indicatif, voici quelques choix :
FORMAT AUDIO DE CONVERSION |
PARAMÈTRE DE CONVERSION |
COMMENTAIRES |
OGG VORBIS |
q1 (débits aux alentours de 80 kbps) |
Excellente qualité, avec toutefois parfois
quelques légères amplifications de certaines aigues. |
WMA PROFESSIONAL 10 |
VBR Quality 25, 44 ou 48 kHz (débits aux alentours de 60-90 kbps) |
Meilleure qualité que le vorbis
q1. Paramètre recommandé |
WMA 9.2 |
VBR Quality 50 (débits autour de 65-85 kbps) |
Qualité moyenne, mais suffisante pour l’écoute
radio (pas de déformations métalliques) |
Tous ces paramètres vous permettront d’avoir des fichiers audio dont la taille excède rarement
3 Mo pour une piste de quatre minutes (1).
Le dernier paramètre, bien que de
moins bonne qualité, est le plus
compatible en lecture hardware (baladeur, chaîne hi-fi, autoradio, lecteur
DVD, etc.). Veillez à ne choisir qu’un
seul de ces paramètres en vue d’une cohérence parfaite de qualité.
Enfin, retenez qu’il est vivement déconseillé de lire
directement à partir d’un support optique : si le CD ou le DVD
« saute », c’est la honte ! De même, n’extrayez jamais dans le disque dur des pistes provenant d’un CD
égratigné ou sale : les crépitements
issus d’une telle extraction sont fort
gênants et peuvent fausser le
travail d’un logiciel d’enchaînement de sons.
3. Une bonne carte son et un bon PC
Certes, il est désormais admis que toutes les cartes
son incorporées dans les cartes mères actuelles délivrent désormais un son
appréciable. Néanmoins, investir dans
une carte son de marque perfectionnera le rendu. Je pense, par exemple, à
la Sound Blaster ou encore à une carte Hercules.
Quant au PC, oubliez
les Pentium III. Au moins un Pentium
IV à 1,5 GHz, pas nécessairement une bête de course de type Quad Core.
Question RAM, si vous tournez sous XP (le meilleur d’entre tous), ayez
tout de même 1 Go de mémoire :
ça vous évitera des erreurs de lecture
ou des lenteurs d’ouverture de programme. Au cas où votre PC tournerait
plutôt sous Vista (le pire) ou Windows 7 (à peine moins pire), dotez
la machine d’au moins 3 Go de RAM.
Concernant le disque dur, qu’il soit
interne, en réseau ou externe, privilégiez
les grandes capacités : au
minimum 512 Go. Vous serez ainsi à
l’abri des saturations.
4. Un lecteur stable et modulable
À mon sens, sans conteste, le lecteur roi du multimédia qui satisfait tant l’utilisateur
lambda que l’habitué de l’audio est Winamp.
Qu’il soit lourd, je l’admets. Ceci est cependant vite oublié lorsqu’on a en
vue la multiplicité de formats audio
qu’il gère et lit, sans compter la
quantité impressionnante de plug-ins (généralement de bonne facture) qui lui sont voués. Du reste, n’en déplaise
aux mauvaises langues, Winamp s’avère remarquablement
stable, rarement sujet à des plantages.
5. Un volume constant
Je ne le répéterai jamais assez, jouer de la musique dont le volume varie d’une piste à l’autre est très
agaçant, voire fatigant. Il est capital, durant la lecture, de normaliser le son afin de ne pas avoir
à régler en permanence le bouton de volume. Winamp, notre lecteur fétiche, dispose d’un outil appelé Replay Gain qui est en mesure d’insérer au sein des fichiers audio (MP3,
WMA, AAC ou VORBIS) les valeurs moyenne
et maximales de volume et d’ajuster
automatiquement le son en conséquence lors de la lecture. Malheureusement,
Replay Gain exige que toutes les
chansons soient par lui préalablement analysées, ce qui prendra nécessairement
un certain temps avec plus de 10 000 chansons. Pour la procédure, veuillez
lire ce
topic.
Stereo Tool, plug-in de Winamp, est un merveilleux
outil spécialement consacré à la correction sonore en temps réel. Très
pointu, il est réservé aux utilisateurs avertis. Cependant, il dispose de
préréglages (presets) adaptés à toutes les circonstances et à tous les types de
diffusion radio. En suivant ce
lien, je vous propose un réglage qui vous produira un son
non seulement très constant, mais
aussi amélioré en stéréo et en aigues,
sans saturation.
Bien entendu, dès
qu’un outil de correction sonore est utilisé, il convient de se servir des
égaliseurs avec parcimonie, voire pas du tout : songez à l’auditeur qui peut, lui, être tenté d’en user, ce qui,
possiblement, dénaturera le son à la
réception si les signaux ont été au préalable rehaussés.
6. Un bon logiciel d’enchaînement audio
Quoi de plus agréable que d’écouter des chansons avec
effet d’enchaînement ! Au lieu
d’utiliser les options proposées par les lecteurs multimédias, utilisez Sqrsoft Advanced Crossfading, un
plug-in de Winamp. Contrairement à la plupart des solutions logicielles qui se
basent sur un nombre x de secondes pour enchaîner, souvent avec baisse
progressive du volume de la chanson qui termine et augmentation progressive du
volume de la chanson qui débute, Sqrsoft
va plus loin. En effet, il détecte
automatiquement à partir de quel point il peut enchaîner et ce, en fonction du
volume de la chanson qui termine. Par ailleurs, l’enchaînement n’est pas imposé en fondu : il peut être linéaire, ce qui est l’idéal pour une diffusion radio.
Enfin, Sqrsoft détecte et élimine
automatiquement les silences inopinés en début de piste dans le souci
d’assurer un enchaînement parfait. La procédure est expliquée ici.
N.B. : Veuillez porter le
volume d’analyse de -6 dB à -3 dB si le volume est amplifié par un outil de
correction comme Stereo Tool, notamment dans des presets où le loudness est activé.
7. De bonnes sélections
Soigner l’audio en fait de qualité et d’ambiance sonores,
c’est bien. Mais tout cela s’effondre comme château de carte si les sélections
sont gérées comme par amateurisme. Fuyez
comme la peste la lecture aléatoire des morceaux, surtout si ces derniers
sont nombreux. Avantagez les sélections
manuelles, en respectant une certaine harmonie sonore (ex : chansons
de styles voisins, chansons rappelant une époque ou un événement déterminé,
etc.). Évitez, surtout pour une radio à
vocation musicale, de jouer consécutivement les chansons d’un même artiste.
Passe encore, que le même artiste joue alternativement avec un ou plusieurs
autres, après une ou deux chansons (2).
Il n’est pas recommandé, par ailleurs,
dans un court laps de temps (inférieur à 12 h), de répéter un ou plusieurs
titres, surtout s’il s’agit d’une même sélection musicale. Ça peut laisser planer le sentiment d’un manque de
professionnalisme ou d’une
discothèque pauvre.
Si, malgré tout, les sélections
manuelles vous semblent quelque peu ennuyeuses, usez d’outils de génération automatique de playlistes. Le lecteur Windows Media, à partir de la 9e
version, permet cela, en vertu de plusieurs
critères cumulatifs (année, classement en étoiles, album, durée, mots-clés,
heure et date de la dernière lecture, etc.). Cependant, pour que lesdites playlistes soient correctement générées, il
convient que les informations ID3 des
fichiers audio soient bien présentes et le plus complètes possible. Il
n’est pas certain que vos 30 000 chansons comportent toutes dans leurs
balises le nom de l’album ou le genre. Pour de petites quantités de fichier,
remplir lesdites balises est encore possible. Si, par contre, votre discothèque
est titanesque, ça devient un vrai cauchemar !... Tournez-vous alors du
côté de solutions qui génèrent automatiquement
des sélections en fonction des propriétés mélodiques des chansons. Deux
outils vous sont ici proposés : Audiobaba
et Mufin Player, chacun ayant ses
qualités et ses défauts, comme vous pouvez le constater dans cet
article. Pour ma part, je vous conseille d’utiliser le dernier produit, certes d’une
lourdeur non négligeable, mais très pertinent.
Dans l’un ou l’autre cas, une analyse
préalable de toute votre discothèque est obligatoire. Je ne vous cache pas
qu’avec plus de 10 000 titres, pareille analyse prendra de nombreuses
heures, voire plusieurs jours ! Fait heureux, pour le cas de Mufin Player, on peut poursuivre une analyse manuellement interrompue (pas
accidentellement, suite par exemple à un plantage total ou à une coupure
d’électricité).
Quoi qu’il en soit, vous serez toujours contraint de trier manuellement les titres d’une
sélection, car des incohérences
mélodiques demeurent, ainsi que les
situations à travers lesquels les chansons d’un même artiste se suivent par
groupes plus ou moins gros.
8. Un bon environnement électrique et une bonne connexion
Internet (cas des webradios)
Les Africains et autres habitants des pays peu
développés qui me lisent savent combien le courant 24h/24 est chez eux une denrée
rare. Aux coupures intempestives parfois prolongées s’ajoutent les intempéries
du genre foudre (pour ceux qui résident en zone pluvieuse) contre lesquelles
tout émetteur doit se prémunir. Prévoir groupe
électrogène, onduleurs de grande autonomie
et paratonnerre (ou parafoudre) ne serait pas cher payer.
Je parle naturellement dans ce paragraphe de radios FM.
Pour le cas des radios
sur Internet (webradios), une connexion
à haut débit est vivement recommandée,
notamment lorsque la charge du trafic est intense. Un bon serveur et un bon
système d’exploitation (de type Windows Server) seront de mise. Comme format de diffusion, spécialement à bas bitrate, évitez le MP3. Le WMA,
surtout dans sa version Professional, déjà à
48 kbps, produit un son musicalement
bon. C’est le choix que je vous préconise. Bien évidemment, ici, l’environnement Internet sera fortement
dirigé vers la technologie made in Microsoft dénommée Silverlight. Comme je ne m’y connais pas trop en la matière,
informez-vous sur le Net.
9. Addenda : mon appréciation sur quelques radios
musicales ou semi-musicales kinoises
Sur la presque cinquantaine de stations FM à Kinshasa,
seules quatre se démarquent des
autres du point de vue qualité du son
(Q), richesse du catalogue musical (R),
enchaînement des pistes et normalisation
(EN) et intelligence de la sélection (I).
J’ai cité JD FM, BBC Afrique, Kin FM et Radio Okapi.
Je vais attribuer une note sur 20
quant aux performances de ces stations.
a. JD FM : 97.4
JD FM est presque
exclusivement dédiée à la musique, son programme étant ponctué chaque heure
de publicités et, parfois, le soir, d’émissions. Sa bibliothèque de pistes est très
grande, les genres musicaux changeant au gré des heures, allant de la
musique dite « religieuse » au seben en passant par le raï, le
hip-hop et le zouk. Et la station n’est nullement
avare en nouveautés, le tout sous une
intelligence de playlistes qui laisse penser que les sélections sont le fait de
l’homme.
Cependant, JD FM pèche
par la qualité sonore de ses chansons, celles-ci ressemblant la plupart du temps à des MP3 fortement compressés,
métallisés et dépourvus d’aigues. De plus, les pistes ne sont pas normalisées, les variations sonores sont
trop marquées, avec parfois saturation du volume. Les enchaînements ressemblent à des fondus enchaînés à la Media Player. Parfois, une chanson est coupée en plein milieu et une autre la suit de manière
anarchique, un peu comme si on zappait ! Pas très pro comme méthodes…
Q |
: |
2/5 |
Note sur 20 : 11 |
R |
: |
4/5 |
|
E |
: |
1,5/5 |
|
I |
: |
3,5/5 |
b. BBC Afrique : 92.6
La branche africaine de cette radio britannique diffuse
de la musique généralement de 11 h 30’ à 13 h et de 15 h à 16 h (jusqu’en 1999,
elle diffusait des chansons pratiquement toute la journée. Ah, belle époque
révolue… !). Le catalogue
musical est immense, mais pas complet (seuls quelques
magasins de musique en ligne proposent toute la musique mondiale, payante bien
sûr). Le son est normalisé, la qualité correcte, mais depuis
2004, les enchaînements semblent biaisés.
Du reste, toujours depuis cette année, peut-être pour des raisons
d’anti-piratage, les chansons sont
coupées parfois en plein milieu ! Question intelligence des
playlistes, tout dépend des jours et, apparemment, du tempérament du DJ de
service : tel jour, les sélections
sont cohérentes ; tel autre jour, lesdites sélections paraissent tout
droit sorties du cerveau de Lewis Carroll…
Q |
: |
4/5 |
Note sur 20 : 13,5 |
R |
: |
4,5/5 |
|
E |
: |
2,5/5 |
|
I |
: |
2,5/5 |
c. Kin FM : 98.9
À l’instar de JD FM, Kin FM est consacrée à la musique, les pubs intervenant presque à
chaque heure et les émissions ne sont pas trop fréquentes. La bibliothèque, très fournie, couvre tous
les genres principaux, même la musique classique. La qualité du son est excellente,
particulièrement soignée, la normalisation presque irréprochable. On
sent que la station use d’un bon matos au niveau logiciel.
En revanche, Kin FM ne fait pas de bons points dans les
branches enchaînement et intelligence des playlistes. Comme à BBC Afrique, les
chansons sont tronquées de manière sauvage, surtout les morceaux non congolais.
L’enchaînement n’est pas linéaire, ce qui laisse un arrière-goût d’amateurisme.
Alors que les playlistes renfermant la musique locale et la musique classique
sont bien gérées, celles mettant en scène d’autres styles sentent l’aléa ou, du
moins, la ressemblance entre chansons n’est pas aisée à déceler, surtout dans
le moyen terme (par groupe de 5 à 10). Étrange comportement, à travers lequel
il est difficile de savoir si c’est la faute au DJ ou au logiciel de gestion
des listes de lecture.
Q |
: |
4,5/5 |
Note sur 20 : 13 |
R |
: |
4/5 |
|
E |
: |
2/5 |
|
I |
: |
2,5/5 |
d. Radio Okapi : 103.5
La chaîne onusienne n’est pas spécialement vouée à la
musique : ses programmes s’avèrent assez éclectiques. C’est plutôt après
20 h (19 h le samedi) que la musique est reine (en fait, entre 20 h et 4 h du
lendemain). Mais il est aussi des heures creuses durant la journée. La richesse
du catalogue est appréciable, le son de qualité et la normalisation sans
défauts. De même pour l’enchaînement des pistes. Il est vrai que le DJ qui
balance la zik de 20 h à minuit tronque à sa manière les pistes, mais cela fait
effet de style, comme au night-club. On sent réellement du professionnalisme.
Pour les sélections plus libres, l’enchaînement est peu marqué, mais linéaire,
donc bon. Les sélections entre 20 h et minuit sont un modèle de cohérence, et
sûrement manuelles ou, à tout le moins, semi-automatiques. Les sélections
libres, elles, ont des relents d’aléas, mais seulement des relents, vu que par
groupe de deux ou de trois, les chansons donnent une apparence de ressemblance
mélodique. Encore ici, on ne sait pas si c’est le fait de l’homme ou du
générateur automatique de playlistes, ou les deux.
Q |
: |
4,5/5 |
Note sur 20 : 16 |
R |
: |
4/5 |
|
E |
: |
4/5 |
|
I |
: |
3,5/5 |
WMA Imperator.
(1) Uniquement pour un usage personnel,
droit d’auteur oblige…
(2) Si cependant l’émission est axée sur un
artiste (ex : une intégrale, un hommage), cette recommandation ne sera bien
entendu pas suivie.