A. Opportunité d’un test
Plus d’un affirmeront qu’à l’ère des disques durs
titanesques dépassant le téraoctet de capacité, la question ne se pose
plus : on devrait tous passer au lossless.
D’autres diront également qu’une batterie de tests s’est succédé dans le passé
et a démontré sans ambages la supériorité de tel ou tel format sur tel ou tel
autre en termes de qualité audio.
Je pense quant à moi ceci : concernant la capacité
des disques durs, certes il n’est pas faux que ceux-ci disposent désormais d’un
espace mémoire conséquent. Cependant, il est bon de savoir que la musique
devient fréquemment nomade, c’est-à-dire qu’on aimerait bien souvent l’écouter
un peu partout (dans un bus, dans un couloir de métro, en marchant). Dans de
telles circonstances, les ordinateurs (même portables) perdent de leur intérêt
pratique, vu leur encombrement actuel. Les
baladeurs et les smartphones apparaissent désormais
comme les dispositifs les mieux indiqués dans le stockage puis l’écoute des
chansons. Or il se trouve que le volume de mémoire qu’embarquent lesdits dispositifs
n’est pas franchement très grand (compris entre 2 et 120 Go la plupart des
fois). Une économie d’espace, donc une compression de données, est donc
nécessaire.
Pour ce qui est de la qualité audio, il y a à boire et
à manger. Les tests les plus cités dans les forums de discussion spécialisés
ont été dirigés durant la période 2003-2005. Les différents formats audio ont sensiblement évolué par après (du
moins jusqu’en 2008). Il est vrai que des tests ont été effectués en 2007.
Toutefois (je vais vous le montrer infra), ils
ne brillent pas par leur objectivité, tant dans la manière d’encoder que
dans la comparaison des formats.
Une autre question qui peut se poser est celle de
savoir pourquoi seules les variantes standard et pro
du WMA sont retenues. La raison est simple : le format dans sa forme standard est décodé
par la quasi-totalité des équipements audio en 2010, excepté les produits
Apple (iPod, iPad et autres
iPhone). La
variante pro, de bien meilleures facture et qualité, est lue par le baladeur Zune, la Xbox 360, certains téléphones et toutes les platines
Blu-Ray. Ce n’est pas peu en fait d’équipements.
Les deux autres variantes ne méritent, en mon sens, guère d’être testées, si ce
n’est avec leurs pairs, et encore. Ainsi, le WMA lossless peut être confronté à d’autres formats sans perte,
comme l’excellent FLAC, Monkeys Audio et compagnie. Comme
tous ces algorithmes respectent à l’identique le signal d’origine, c’est plus
la vitesse d’encodage et le taux de compression qui serviront de critères de
comparaison. Ce qui n’est d’aucun intérêt si on a un PC à huit cœurs avec
disque dur de 2 To. Le WMA Voice, dédié à l’encodage
des fréquences vocales, est comparable à d’autres formats orienté compression
de la voix comme l’ADPCM à bas débit, le Speex ou encore l’AMR-WB, pour ne citer que ceux-là. Mais
sincèrement, qui s’intéresse par les temps qui courent, au WMA
Voice ? Même Microsoft, son concepteur, semble négliger cette variante :
aucune plate-forme de diffusion audio ne la supporte à ma connaissance, pas
même Silverlight !
Les points ayant été mis sur les i, passons aux
suggestions.
B. Suggestions
1. Éviter de mélanger ABR, CBR et VBR
sans discernement
Il est nécessaire de rappeler ici certaines notions
élémentaires d’encodage. Le mode CBR compresse à
débit quasi-constant, mais à qualité variable : les sections complexes du
son, surtout à bas bitrate, ne sont pas encodées au même
niveau de qualité que les sections plus simples, celles-ci étant mieux respectées.
Le mode ABR, lui, s’efforce, à sa manière, de respecter
une certaine qualité compte tenu d’un débit moyen déterminé qui peut fluctuer,
mais pas trop, la valeur moyenne du bitrate tournant
autour de la valeur fixée par l’utilisateur. Le mode VBR
(pur), pour sa part, respecte au mieux le niveau de qualité imposé sans
contrainte de débit, ce dernier pouvant très fortement varier. La qualité du
son demeure relativement constante dans la chanson, mais la vitesse de
transmission y change largement. Tous les encodeurs modernes qui compressent
avec perte (lossy) gèrent en option ces trois modes.
Du moment que chaque mode traite différemment les
signaux audio, l’un respectant le débit (CBR), l’autre
la qualité (VBR pur) et le troisième opérant un compromis
entre la qualité et le débit (ABR), il ne serait pas objectif de tester un mode
X de tel format avec un mode Y de tel autre format, comme cela
malheureusement souvent été le cas. Ex : comparer du WMA
CBR à 96
kbps avec du MP3 ABR
à 96 kbps. Ou encore du MP3 VBR qualité V5 (débits ≈
130 kbps) avec du WMA Pro ABR
à 128 kbps.
Bref, il convient que :
- Si le mode CBR est utilisé, que les formats audio usent tous d’un même débit
- Si le mode ABR est utilisé, que les formats audio usent tous d’un même débit moyen
- Si le mode VBR est utilisé, que les formats audio usent tous de débits binaires proches les uns des autres.
Ex : WMA 10 Pro VBR Quality 50 et WMA Standard 9.2 VBR Quality 75 produisent des
fichiers de débits moyens voisins de 128 kbps, aisément comparables au mode VBR V5 du MP3 qui, rappelons-le, crée des fichiers de
débits voisins de 130 kbps
Le format Ogg Vorbis étant atypique
(le seul qui associe subtilement mode ABR et mode VBR pur) et très
finement paramétrable (les paliers de qualité sont réglables au centième
près, de type par exemple qualité q5.83 !), il peut sans problème servir
lors de la représentation en test des trois modes d’encodage.
2. Éviter de mélanger la
variante standard et la variante améliorée d’un format
En effet, les ingénieurs qui ont conçu les diverses
variantes d’un format répondaient à un désir louable : que la nouvelle
variante soit meilleure en qualité et/ou performance que l’ancienne. Dans presque
tous les cas, les modifications
apportées au format de base sont tellement prononcées qu’un réel problème d’incompatibilité
matérielle et logicielle (partielle ou totale) se pose, au point qu’on a l’impression
qu’il s’agit de deux formats différents. Ex : le WMA
Pro (version améliorée), dans sa structure, est très différent du WMA Standard (version basique). Pareil pour l’HE-AAC, amélioration de l’AAC LC (MPEG I ou II).
Il serait par conséquent aberrant de tester côte à côte
une variante de format non améliorée avec une variante améliorée d’un autre
format. Ce serait un peu comme tester un
bon produit avec un produit moins bon, alors que le produit moins bon a été
amélioré au fil du temps. Ex : comparer l’HE-AAC
avec le WMA standard, ou encore le WMA avec le MP3 (le MP3 Pro existe, mais n’est plus en
vogue).
Une fois de plus, le
Vorbis fait exception. Comme il n’a pas subi d’améliorations tellement sensibles que sa
syntaxe binaire ait changé, il peut sans crainte être testé avec tous les formats
et toutes les variantes de ces formats.
3. Notes finales
Toutes
ces suggestions n’interdisent nullement d’effectuer un méga-test au travers
lequel tous les formats et toutes les variantes de ces derniers sont
représentés. Cependant, une
variante améliorée doit être confrontée à une ou plusieurs autres variantes
améliorées. Qu’il en soit de même pour les variantes originelles entre elles.
Par ailleurs, il convient que les débits
utilisés lors de ces comparatifs soient identiques pour chaque format ou,
pour le cas du VBR
pur, que ces débits soient les plus
proches possible.
WMA Imperator.