En furetant dans l’actualité hi-Tech, le dieu Hasard a bien voulu que je remarque la présence d’un nouveau venu dans le monde surchargé de la conversion audio. XRECODE II, qu’il s’appelle, m’a attiré de par la quantité impressionnante de formats supportés, en import comme en export. Ce logiciel est même en mesure d’extraire l’audio d’une vidéo. Et là encore, les formats supportés couvrent quasiment tous les codecs actuels. Le tout pour pas un rond ! Génial outil, mais souffrant de quelques imperfections, comme on le verra.

Au premier usage de XRECODE II, j’ai été surpris de constater qu’il me demandait un composant Visual Basic à télécharger à partir du site de Microsoft (gentils qu’ils sont, les développeurs ont donné le lien direct) et à installer. Ce qui s’est opéré rapidement, le fichier ne pesant qu’environ 1,8 Mo. Je parie que les ordis mis régulièrement à jour ne posent pas ce type de problème (la dernière fois que j’ai mis à jour mon XP SP2 date de… euh…).

À chaque ouverture du programme, une fenêtre apparaît qui lance une espèce de compte à rebours. À la fin de celui-ci, vous êtes invité à verser une contribution financière à l’auteur en vous connectant au site proposé. Si vous voulez passer outre cette étape, cliquez sur le chiffre (qui peut être 1, 2, 3 ou 4) sur lequel il vous est autorisé de cliquer. Avouons-le, c’est particulièrement chiant !...

Une fois ce petit impédimenta désagréable franchi, l’interface assez rudimentaire s’offre à mes yeux. Chose rare dans l’arène des logiciels de ce genre, il est proposé le choix à la volée de la langue d’interface d’un seul clic. La conversion des fichiers s’effectue par glisser-déposer ou en choisissant le dossier contenant ces fichiers. La touche CTRL aide à sélectionner plusieurs éléments à la fois. Une fois les fichiers identifiés par le convertisseur, tout un tas de détails techniques inhérents auxdits fichiers apparaissent (bitrate, mode CBR ou VBR, fréquence d’échantillonnage, nombre de canaux, profondeurs en bits et j’en passe). L’onglet Métadonnées, lui, permet la modification des infos ID3 de base (année, artiste, album, compositeur, etc.). Il est également possible d’effacer ou d’insérer une pochette d’album, obligatoirement au format JPEG, PNG ou GIF. Le répertoire par défaut où sont stockés les sons convertis est le répertoire du fichier source. Il est possible de demander à XRECODE II d’effacer le ou les fichier(s) d’origine, mais il s’agit d’une suppression temporaire, le ou les fichier(s) en question allant à la corbeille. Sage précaution, mais fastidieuse à la longue pour l’utilisateur désirant se débarrasser une bonne fois pour toutes de ces encombrants fichiers sources. Enfin, XRECODE II peut signaler une erreur dans le processus de conversion ou la fin de celle-ci au moyen d’un son que vous prédéfinirez, lequel son devra être au format WAV ou MP3.

Les options avancées de XRECODE II s’avèrent fort intéressantes. Je ne connais pas par exemple de logiciels gratuits capables de convertir un même fichier source en douze formats différents en une seule fois ! Par ailleurs, notre convertisseur semble jongler avec les capacités des processeurs multi-cœurs, la vitesse d’encodage étant, ma foi, très rapide, surtout en WAV et en WMA avec mon antique Dual Core Pentium D à 3 GHz. Autre fonction utile : la possibilité de ne convertir qu’une partie du fichier, dont la durée de début et de fin est exprimée en millisecondes. Le must est atteint dans l’outil ReplayGain qui marche ici pour tous les formats audio et ce, de manière « physique » (c'est-à-dire en modifiant le volume réel du fichier) ou « virtuelle » (en incorporant une ou plusieurs valeurs de correction qu’un lecteur compatible est censé interpréter). Je préfère nettement la normalisation via ReplayGain à celle dite à volume (paramétrable en pourcentages), dont la précision d’analyse semble douteuse. Moins pratiques (mais utiles dans certains cas, comme on le verra), l’option de modification de tempo et de la fréquence d’échantillonnage, ainsi que la conversion mono-stéréo et vice-versa, intéresseront les gens les plus pointilleux. Enfin, l’outil de suppression de silence en début et/ou en fin de piste, supprimé dans les anciennes versions, vient de refaire son apparition en septembre 2011. Le logiciel permet ici de choisir non seulement la durée, mais aussi le seuil (compris entre 0 et 32767) du silence.

L’extraction des CD audio est possible (avec des bugs pendables, comme on le verra plus loin) et le taggage automatique des titres en se connectant sur une base de données comme FreeDb ou MusicBrainz est proposé par défaut.

La conversion est plus ou moins finement ajustable selon les formats audio :

v  Le MP3 use de l’encodeur LAME, le meilleur dans ce format. L’utilisateur, en mode VBR, n’a plus le choix, comme dans les premières versions de Xrecode II, entre le modèle psycho-acoustique ancien (old) ou actuel (new), ce dernier étant proposé par défaut. Les modes CBR et ABR, ainsi que les ajustements stéréo (joint-stereo et consorts) sont également supportés. Toutefois, depuis mi-2010, l’encodeur LAME n’est plus intégré au logiciel. Il convient de chercher le fichier lame.exe et d’indiquer à XRECODE II son emplacement afin qu’il convertisse en MP3. Pour ce, mieux vaut télécharger la version la plus récente dudit fichier. En cliquant sur Externe, vous avez accès à plus de choix d’encodage, mais cette option est réservée aux utilisateurs les plus avancés.

v  Le format OGG Vorbis, lui, peut être affiné en VBR (les fameux niveaux de qualité) comme en ABR. Malheureusement en VBR, il n’est pas possible de choisir des paliers décimaux de qualité (comme 7.3), chose que certains encodeurs proposent, à l’instar de Sqrsoft Batch Encoder. Sauf, bien entendu, si vous vous y connaissez en bidouillages (XRECODE II permet d’insérer de nouveaux paramètres d’encodage en ligne de commande, notamment en cochant Manuel).

v  Pour ce qui est de l’AAC, le seul encodeur existant semble celui fourni par QuickTime (qtaacenc.exe), c’est-à-dire la variante LC (Low Complexity). À moins de trifouiller dans les lignes de commande, seul le mode VBR basé sur la qualité est possible, du niveau 0 au niveau 127). Il est toujours permis d’encoder en AAC à la sauce Nero (le meilleur codec AAC actuel), en CBR, comme en VBR basé sur la qualité (indices de 0 à 10 par pas de 0.05). Toutefois, le fichier Neroenc.exe doit être téléchargé et son emplacement indiqué au logiciel XRECODE II. Dans l’un ou l’autre cas, en cliquant sur Manuel, il est possible d’affiner les paramètres d’encodage si on s’y connait en bidouillages.

v  Les formats FLAC, APE et WAVPACK, tous sans perte, disposent d’une gamme presque complète de réglages. En revanche, l’ALAC d’Apple, lossless également, n’est pas ajustable. Cependant, après téléchargement du fichier qaac.exe et indication de son emplacement au logiciel, il est possible d’étendre les paramètres. Le format TAK n’est supporté que si le fichier tack.exe est téléchargé et son emplacement indiqué à XRECODE II. Le format TTA, lui, n’est pas ajustable, de même que l’AIFF.

v  Le MP2 est encodable en débit constant, de 32 à 320 kbps. L’utilisateur peut choisir l’extension qu’il désire, entre .mp2 et .mpa.

v  Le format AC3 (Dolby Digital) s’encode également à débit constant allant de 32 à 640 kbps, avec possibilité de choisir la fréquence d’échantillonnage et la conversion en 5.1 si le fichier d’origine est multicanal (comme le WMA Pro, le WAV extensible ou un autre fichier AC3), mais avec plus de six canaux ; la conversion en stéréo (2.0) d’un fichier à plus de deux canaux ; ou encore le respect des canaux à l’identique de la source. Ces ajustements peuvent créer des conflits avec certains réglages en prétraitement qui permettent aussi d’ajuster cette fonction, indépendamment du codec. En cliquant sur Externe et après téléchargement et indication à XRECODE II de l’emplacement du fichier aften.exe, il est possible, pour le bricoleur audio, d’étendre davantage les paramètres d’encodage.

v  Le MPC, le meilleur codec lossy à débits supérieurs à 170 kbps, est ajustable en VBR du niveau 1 (la plus basse qualité) au niveau 10 (la meilleure). En cliquant sur Manuel, l’utilisateur chevronné peut affiner les réglages en ligne de commande.

v  L’encodage en WAV, permet le réglage de la fréquence d’échantillonnage (de 5 500 à 192 000 Hz), de la profondeur en bits (16 ou 24), ainsi que la dissection de chaque canal en fichiers distincts, ce qui utile pour du montage poussé en 5.1 ou 7.1. Tout comme en AC3, une fois les réglages effectués, évitez de tripatouiller au niveau du prétraitement, sauf cas rares comme on le souligne infra.

v  Le LossyWav est disponible après téléchargement du fichier lossywav.exe et après identification dudit fichier par XRECODE II.

v  Les codecs Speex (spécialisé dans l’encodage de la voix), OFR et Shorten (deux codecs Lossless) semblent s’être volatilisés dans les versions récentes de XRECODE II (au 10 janvier 2011 au plus tard.

v  L’encodage en WMA est permis, mais pose tellement d’emmerdes que je traiterai cela dans la section bug.

Les bugs

XRECODE comporte de nombreux dysfonctionnements dus assurément à un développement pas encore très poussé de ses fonctions (à moins qu’il y ait en plus des problèmes de licence).

Le premier bug qui a retenu mon attention est le refus catégorique de convertir certains types de fichiers monophoniques dont la fréquence d’échantillonnage est inférieure à 44100 Hz. Les fichiers audio au format WAV ADPCM, notamment issus des baladeurs numériques dans leur fonction de dictaphone, refusent carrément d’être encodés en tous formats, sauf en MP3 et en Vorbis. Avec ces types de fichiers, les débits choisis par l’utilisateur sont rarement respectés dans le fichier converti, mais la fréquence d’échantillonnage et le canal mono sont ceux du fichier d’origine. En WAV et en AIFF, le fichier final est une espèce de crachotement du pire effet et totalement inexploitable. L’une des méthodes permettant de contourner ces troubles est, dans l’option prétraitement, d’imposer le nombre de bits à 16, la fréquence d’échantillonnage à 44 kHz et les canaux en stéréo.

Le deuxième bug concerne l’extraction des CD audio. Sur certains lecteurs, elle s’avère impossible. Pire : elle peut empêcher l’utilisation desdits lecteurs tant que le système n’a pas été redémarré, même après extraction ou tentative d’extraction.

Mais la palme des aberrations de fonctionnement revient au format de Microsoft : le WMA. Les incohérences sont tellement nombreuses que j’ai été dans la contrainte de dresser un tableau quant au mode CBR et un autre quant au mode VBR. Au gré des débits choisis, XRECODE II convertit soit en WMA standard (9.2), soit en WMA Pro, sans qu’on ne lui ait rien demandé.

Mode CBR

PARAMÈTRES CHOISIS

RÉSULTAT FINAL

Bitrates inferieurs à 32 kbps

WMA 9.2, CBR, 32 kbps, 44 kHz

32 kbps

WMA 9.2, CBR, 48 kbps, 44 kHz

63 et 64 kbps

WMA Pro, 64 kbps, 44 kHz, stereo, 16 bits

80 kbps

WMA Pro, 80 kbps, 44 kHz, stereo, 16 bits

95 et 96 kbps

WMA 9.2, 96 kbps, 44 kHz

127 et 128 kbps

WMA 9.2, 128 kbps, 44 kHz

160 kbps

WMA 9.2, 160 kbps, 44 kHz

192 kbps

WMA Pro, 192 kbps, 44 kHz, stereo, 16 bits

256 kbps

WMA Pro, 256 kbps, 44 kHz, stereo, 24 bits

320 kbps

WMA 9.2, 320 kbps, 44 kHz, stereo, 16 bits

384 kbps

WMA Pro, 384 kbps, 44 kHz, stereo, 24 bits

440 kbps

WMA Pro, 440 kbps, 44 kHz, stereo, 24 bits

640 kbps

WMA Pro, 440 kbps, 44 kHz, stereo, 24 bits

768 kbps

WMA Pro, 440 kbps, 44 kHz, stereo, 24 bits

Mode VBR

PARAMÈTRES CHOISIS

RÉSULTAT FINAL

VBR 10 à VBR 25

WMA 9.2, VBR Q25

VBR 26 à VBR 50

WMA 9.2, VBR Q50

VBR 51 à 75

WMA 9.2, VBR Q75

VBR 76 à 90

WMA 9.2, VBR Q90

VBR 91 à 98

WMA 9.2 Lossless, VBR Q100, 44 kHz, 2 channel 16 bit

Encodage lossless

WMA 9.2 Lossless, VBR Q100, 44 kHz, 2 channel 16 bit

À noter que XRECODE II propose des paramètres VBR inexistants, qui sont automatiquement réajustés à la volée.

Depuis mai 2011 cependant, les développeurs de XRECODE II ont enfin trouvé l’astuce permettant de contourner la série de bugs et dysfonctionnements qui plombent le transcodage au format WMA. En effet, en cliquant sur Manuel, puis sur Paramètres, il est possible de choisir la variante et le débit du WMA en mode CBR. En cochant la case Débit Variable (VBR), tous les paramètres VBR apparaissent. Et ma foi, ça marche comme sur des roulettes (enfin !)

Conclusion

XRECODE II est un précieux outil gratuit de conversion assez rapide et riche en options poussées. L’utilisateur lambda sera satisfait s’il veut obtenir les résultats les plus courants. Cependant, le bidouilleur confirmé restera quelque peu sur sa soif, vu les bugs et insuffisances de certains paramétrages au niveau de certains codecs (comme le WAV ou le WMA). 

 

WMA IMPERATOR.